« Mesurer et diagnostiquer les effets des polluants sur les rivières. »
Le Cincle Plongeur : Une espèce d’oiseau indicatrice de l’état de santé de la rivière
Depuis 2014, un suivi de la population de cincles plongeurs sur le massif de la Chartreuse et ses alentours est effectué par une équipe dirigée par Blandine DOLIGEZ chercheuse du CNRS affiliée au Laboratoire de Biométrie et Biologie Evolutive de l’Université Lyon 1. Ce projet a pour objectif principal d’étudier les mécanismes d’adaptation des individus face aux variations de l’environnement par exemple l’altitude, le niveau de bruit environnemental, le niveau et la nature des polluants présents dans nos cours d’eau.
Une étude sur le long terme
Le cincle plongeur effectue son cycle de vie complet dans les cours d’eau rapides de basse et moyenne montagne. Or les rivières concentrent les polluants des activités humaines passées et actuelles via le ruissellement des eaux de pluie. Le suivi de la population de cincles sur plusieurs années vise à comprendre les modes d’action de ces polluants et leurs conséquences biologiques. En effet, les combinaisons de différents polluants peuvent avoir des impacts au-delà d’une simple addition des effets séparés de chaque polluant, ce qu’on appelle les effets « cocktail », encore très peu étudiés in vivo.
L’objectif est de comprendre les mécanismes d’adaptation des individus aux variations de leur environnement, à différents niveaux (démographique, comportemental, physiologique, génétique). Cette étude est menée sur les rivières du Massif de la Chartreuse et de ses alentours : des cours d’eau aux caractéristiques bien différentes, des rivières peu aménagées comme le Guiers Mort, jusqu’aux cours d’eau très aménagés pendant l’ère industrielle, permettent de comparer les effets de différents niveaux de polluants.
Le cincle, espèce sentinelle de la qualité des rivières
Le cincle subit l’impact direct de différents polluants : son régime alimentaire composé d’invertébrés aquatiques (larves d’insectes, mollusques…) qui se développent dans le fond des rivières fait de lui un bio-accumulateur. La présence de ces polluants dans l’eau est mesurable chimiquement à partir de l’eau ou des sédiments directement, mais ces mesures seules ne permettent pas de mesurer l’impact biologique réel des polluants sur l’écosystème aquatique. Les analyses qui sont faites sur le cincle en tant que bioindicateur permettent justement de mesurer cet impact, en reliant les concentrations des polluants accumulés dans les organismes et leurs paramètres physiologiques, de survie, de reproduction.
Les données récoltées seront mises à disposition des associations de protection de l’environnement et des collectivités locales pour promouvoir des actions de sensibilisation auprès du public et de protection ou restauration des milieux si nécessaire.
Des résultats ?
La saison 2021 est assez exceptionnelle : l’équipe a pu baguer plus de 450 oiseaux, et le nombre de nids suivis est bien plus important que les années précédentes (plus de 300), grâce à une équipe très impliquée et efficace! De plus, les chercheurs espèrent pouvoir rattraper une partie des données perdues de l’année passée suite à la crise sanitaire, via des analyses génétiques des oiseaux capturés cette année, si les financements le leurs permettent.
En effet, entre le matériel, la logistique et les analyses en laboratoire ; les coûts sont très importants et tout autant nécessaires.
Ce sera donc une très belle saison au final, en espérant que ce ne soit pas la dernière…