clé du sol
La Clé du Sol : La science au service du citoyen

Pourquoi un projet de sciences participatives ?

Les sciences participatives constituent un gisement de connaissances et d’idées innovantes en phase avec notre mission : valoriser la science et partager la connaissance.

En France, nous dénombrons 17 millions de jardiniers amateurs, ce qui représente un plus d’un million d’hectares. 17 millions de jardiniers, c’est autant de visions et de pratiques différentes du sol !

Tout cela représente un vivier de connaissances et d’expériences précieuses, qui mérite d’être révélées pour enrichir les recherches actuelles. : c’est le principe même des sciences participatives.

logo ACLEC’est dans cette démarche que la Fondation evertéa en collaboration avec l’ACLE (Association Citoyenne de Liaison et d’Etudes), a souhaité lancer son projet collaboratif de sciences participatives « La Clé du Sol ».

Soutenu pour une durée de 3 ans par la Fondation Daniel et Nina Carasso, ce projet de sciences participatives a pour ambition de :

  1. recenser les pratiques culturales amateures,
  2. de les mettre en lien avec l’état de santé des sols étudiés (biodiversité, stockage carbone, polluants),
  3. afin de proposer une liste de pratiques favorisant le maintien ou l’amélioration de l’état de santé des sols,
  4. et de mieux appréhender les représentations sociales des sols et de leur rôle écologique

Un observatoire de la santé des sols des potagers drômois

Ce projet « La Clé du Sol » dans les jardins de Mours Saint Eusèbe (Drôme) illustre parfaitement notre démarche collaborative car il permet :

  • à des jardiniers citoyens amateurs de mieux appréhender le fonctionnement de leur sols
    et d’identifier les pratiques de jardinage les plus vertueuses écologiquement ;
  • aux scientifiques d’obtenir des données à la fois sur l’état des sols des jardins des particuliers, mais aussi dans la diversité des pratiques de jardinage des amateurs.

Toutes ces données pourront être valorisées par la suite dans différents dispositifs nationaux

Du prélèvement à l’analyse des résultats…

  • Des après-midi de formation aux techniques de prélèvement du sol et à l’analyse de la biodiversité par des chercheurs et ingénieurs de l’INRAE auprès des jardiniers de Mours St Eusèbe
  • 14 jardins échantillonnés
  • 4 rencontres
  • 4 ateliers participatifs d’analyse des résultats avant la pause estivale :

Nos jardiniers amateurs ont pu s’initier à la lecture des résultats d’analyse de leur sol et partager leurs expériences et pratiques au potager : une belle illustration de science participative !

…Une communication horizontale

L'expertise des étudiants

Depuis 2021, ce projet s’appuie également sur l’expertise pédagogique du lycée Terre d’Horizon, établissement public d’enseignement et de formation professionnelle agricole situé à Romans-sur-Isère. La mission confiée aux étudiants de 2ème année du BTS Production Horticole, est de mobiliser toutes leurs compétences pour apporter des conseils pratiques et adaptés à chaque jardin et jardinier. Pour cela, ces étudiants s’appuient sur les résultats d’analyse de chaque parcelle, dont certains feront l’objet d’explications complémentaires avec l’accompagnement des chercheurs grâce à des méthodes innovantes.

Amenés à interagir avec des agriculteurs dans leur futur métier, ces étudiants vont, à travers la rencontre avec les jardiniers moursois, se familiariser avec le monde professionnel.

Ces jeunes formés à de nouvelles pratiques plus durables et respectueuses de l’environnement, pourront ainsi transmettre leurs connaissances, tout en recevant de précieuses informations de terrain de la part des jardiniers amateurs. Au final, de belles transformations pourraient voir le jour dans les jardins de Mours !

2019-2021 : Quel est le bilan provisoire ?

Du côté des jardiniers amateurs, cette approche nouvelle de leur potager par le sol et la mise en avant de sa complexité, les ont amenés à un changement de leur représentation et perception des sols.

Aussi, l’intervention des étudiants comme acteurs intermédiaires entre chercheurs et citoyens a également été accueillie avec enthousiasme par tous.
Ces derniers trouvent pleinement leur place de conseillers, entre apprentissage de méthodes innovantes et accompagnement adapté à un public de jardiniers.

*Designed by Polina Kushnerevich, Designer
Un accompagnement scientifique de qualité

Les experts de notre réseau scientifique soutiennent et participent aux projets de recherche citoyens coordonnées par la Fondation, en faveur de la protection de l’environnement.

Afin de garantir la rigueur et la fiabilité de ce projet, un comité scientifique à la pointe de la recherche sur les sols a été formé.

Il est composé de chercheurs issus de diverses spécialités du sol (biogéochimie du sol ; enzymologie et écotoxicologie ; écologie microbienne ; arboriculture) et d’unités de recherches dispersées en France.

 

Témoignage d’experts :

Agnès Richaume-Jolion, Ph.D

Je suis professeure au laboratoire d’Ecologie Microbienne de Claude Bernard Lyon I. Je prends en charge l’utilisation de la quantité d’ADN microbien ou Biomasse Moléculaire Microbienne comme indicateur de la qualité des sols. La biomasse moléculaire microbienne reflète l’abondance des microorganismes qui représentent la majorité des organismes vivants dans le sol et sont les acteurs invisibles de son fonctionnement

Stéphanie Drusch, Ph.D

Ingénieure d’étude à l’UE de l’INRAE de Gotheron je m’occupe de différents projets en lien avec la réduction des intrants en arboriculture. Je m’occupe en particulier d’un essai sur l’utilisation de compost en verger. Nous apportons notre connaissance du territoire en tant qu’agronomes locaux.

Les principes fondamentaux des sciences participatives

Engagement civique pour les scientifiques : éléments pour une collaboration réussie avec les groupes de citoyens et les associations locales

Les associations locales mobilisées sur les problématiques environnementales manquent souvent d’accès aux experts et aux ressources techniques dont elles auraient besoin pour traiter des questions qui les intéressent. Les groupes de citoyens ayant accès à des informations scientifiques sont mieux placés pour prendre des décisions et plaider en faveur de changements positifs. De plus, les citoyens apportent une perspective pragmatique et fondée sur l’expérience vécue, mais ont souvent besoin de l’aide et de l’appui de scientifiques ayant une expertise et une formation technique pour mieux construire leurs problématiques et agir.

Le rôle d’un expert dans la collaboration avec les associations et groupes locaux de citoyens peut prendre de nombreuses formes et présenter de nombreux défis. Cet article a pour but de mettre en avant quelques idées afin d’entamer une réflexion sur la manière dont la communauté scientifique peut collaborer plus efficacement avec les groupes de citoyens et les associations locales.

Utilisation de l’expertise scientifique pour aider les groupes locaux de citoyens à apporter des changements positifs

Les scientifiques peuvent mettre leurs compétences et leur formation au service d’associations de citoyens, même si elles ne sont pas directement liées à leur domaine d’expertise. En fonction du temps dont ils disposent, et des besoins des populations locales, leur aide peut être apportée sous les formats suivants :

  • Identifier des sources fiables de données et d’informations sur la question qui intéresse le groupe ;
  • Aider les groupes locaux à comprendre les domaines scientifiques les plus pertinents pouvant être utiles pour leurs questionnements ou leurs défis ;
  • Présenter la science et les données dans les réunions publiques de manière à ce que les personnes sans formation initiale puissent les comprendre ;
  • Dans le cadre d’une discussion avec le groupe local, identifier les domaines dans lesquels davantage de science et/ou de compréhension scientifique seraient utiles ;
  • Aider à concevoir, mettre en œuvre et analyser des enquêtes ou d’autres activités de recherche ;
  • Travailler avec les groupes locaux pour rédiger des propositions de financement afin de poursuivre les activités de recherche souhaitées ;
  • Fournir des informations de base pour les contributions des groupes de citoyens fondées sur des données scientifiques, en vue d’une diffusion aux agents de l’État ou lors de réunions officielles sur les politiques ou réglementations proposées ;
  • Servir d’expert scientifique pour un groupe de citoyens, notamment en répondant à leurs questions et, le cas échéant, en présentant leurs problèmes aux institutions étatiques ou à d’autres décideurs officiels ;
  • Collaborer avec les responsables des groupes locaux pour sensibiliser les médias à un problème soulevé par ces derniers.

Comment la collaboration avec les associations de citoyens peut-elle bénéficier aux scientifiques ?

Une collaboration réussie avec des groupes de citoyens locaux peut être bénéfique pour les scientifiques pour différentes raisons. Cela peut être l’occasion pour les scientifiques d’utiliser leurs compétences techniques pour résoudre des problèmes pratiques auxquels les citoyens sont confrontés dans leur vie quotidienne. Les scientifiques peuvent apprendre ou améliorer d’autres compétences telles que la prise de parole en public, les entretiens avec les médias, la rédaction de demandes de subventions et le travail avec divers groupes de personnes. Les scientifiques en début de carrière et les étudiants diplômés peuvent bénéficier de ce type d’engagement civique, car ils comprennent mieux l’impact de leurs recherches et de leur expertise sur la vie des gens en dehors du laboratoire. Les avantages pour les scientifiques sont les suivants :

  • Acquérir des connaissances sur les dimensions sociales des défis en lien avec une dimension scientifique ;
  • Apprendre à utiliser la science pour répondre aux préoccupations des populations locales ;
  • Renforcer la confiance du public dans la science et les scientifiques ;
  • Accroître la visibilité publique des scientifiques et de leur travail ;
  • Identifier les futures questions de recherche ;
  • Apprendre les techniques de communication scientifique et les moyens de mieux inclure le public dans la science.

Six stratégies pratiques permettant aux scientifiques de s’engager avec succès auprès de groupes de citoyens pour obtenir des résultats efficaces

  1. Découvrir ce que les groupes locaux veulent savoir. Quelles sont les questions auxquelles la science peut répondre ? Travaillez avec le groupe pour clarifier leurs questions ;
  2. Découvrir pourquoi les groupes posent des questions. Quel problème ou préoccupation tentent-ils d’aborder ? Quels types de résultats recherchent-ils ? ;
  3. Expliquer aux personnes sans formation initiale les types de données ou de science qui peuvent leur permettre de trouver des réponses à leurs questions  ;
  4. En combinant les points 1 et 2, chercher à savoir quel type de science est le plus susceptible de produire les résultats que le groupe local recherche. Si une activité de recherche ou un projet scientifique citoyen est justifié, concevoir le projet avec le groupe local pour tenter de répondre à ses questions ;
  5. Toutes les données recueillies avec ou pour les groupes locaux doivent être analysées avec le groupe de manière ouverte et délibérative. Cette expérience, et le vécu personnel du groupe éclaireront leur compréhension et l’interprétation scientifique des données.  Idéalement, leurs connaissances éclaireront l’analyse ultérieure des données effectuée par les scientifiques ;
  6. Toute preuve scientifique, présentation de données ou rapport final doit inclure un compte-rendu solide des idées et des contributions de la communauté obtenues au cours de l’analyse collaborative.  L’interprétation et l’analyse qualitatives des données par les citoyens doivent accompagner les données quantitatives. Cela permet de transformer un rapport final en un ensemble de voix locales aux côtés de la science, idéal pour promouvoir les résultats que les associations recherchaient.

 

Le professeur Barbara Allen, membre du conseil scientifique de la Fondation, fait partie de la faculté d’études supérieures du département Science, technologie et société de l’université Virginia Tech, où elle mène des recherches sur les sciences participatives de la santé environnementale.  Ses projets de santé participatifs en France étaient situés dans le golfe de Fos https://fosepseal.hypotheses.org/.

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