La Fondation evertéa a participé à l’organisation du webinaire, avec les équipes scientifiques du LCE (Aix-Marseille), l’INRAE (Dijon) et l’ITES (Strasbourg) sur la
Restitution du projet ANR DECiSIVE
Retrouvez toutes les informations et documents téléchargeables ici :
https://lce.univ-amu.fr/fr/projet-anr-decisive et https://ites.unistra.fr/isotopest.
Récapitulatif du webinaire
Ce mardi 26 septembre 2023 au matin, nous avons organisé la restitution du webinaire de ANR Decisive, en compagnie de Patrick Höhener du LCE (Université d’Aixe Marseille), qui était le coordinateur de cette étude, ainsi que de Gwenaël Imfeld et Sylvain Payraudeau de l’ITES (CNRS Université de Strasbourg) et de Fabrice Martin-Laurent directeur de l’UMR AGROECOLOGIE à Dijon (INRAE Bourgogne Franche-Comté). Pendant deux heures nous avons abordé les résultats de leurs recherches qui avaient pour objectif d’étudier les processus abiotiques et biotiques impliqués dans le devenir des pesticides dans les sols.
Il faut savoir qu’en France, malgré des mises en place de programmes nationaux comme les plans successifs EcoPhyto, des pesticides sont toujours utilisés en agriculture pour des végétaux. Par hectare et par an, nous utilisons en moyenne dans notre pays, 2,9kg de pesticides, pour environ 70 000 tonnes de pesticides vendus en France. Le problème aujourd’hui est qu’il n’existe pas encore de loi permettant de protéger les sols, et donc de suivi obligatoire de l’état de ceux-ci, dans lesquels des résidus de pesticides tels que le glyphosate ou l’AMPA (une des métabolites dérivant du glyphosate), sont souvent détectés, selon une étude conduite à l’échelle européenne. Une étude récente menée en Suisse a montré que les résidus de pesticides pouvaient persister plus de 20 ans dans les sols.
Les suivis actuels des pollutions des sols par des résidus de pesticides et de leurs métabolites sont limités techniquement et le travail de ces équipes était donc de trouver un outil permettant de mieux quantifier et prédire la dissipation, dégradation et la persistance des pesticides dans les sols. Ce projet a eu pour objectif de réduire les incertitudes de prédictions.
Les chercheurs ont donc réalisé une évaluation de la transformation des pesticides dans les sols avec l’analyse isotopique de composés spécifiques (AICS) afin de différencier dissipation et biodégradation ainsi que les différentes voies de transformation de ces polluants, mais aussi de quantifier leur biodégradation in situ.
Le projet ANR Decisive a donc, suite à ces travaux, permis la création de l’outil l’outil AICS, composé tout d’abord d’un guide, dont l’objectif est de transférer les connaissances acquises au laboratoire d’analyse. Ce guide comprend une stratégie d’échantillonnage et de méthodes d’extraction, une analyse isotopique, une étude de terrain, des outils mathématiques, mais aussi des définitions et des protocoles, une banque de données comprenant les signatures AICS de pesticides formulés ( formulations et sur les facteurs de fractionnement). Pour accompagner ce projet une bande dessinée a été réalisée : « how can we better understand the degradation of pesticides in soils ? » (comment peut-on mieux comprendre la dégradation des pesticides dans les sols ?), illustrée par Sergio Castagne.
Dissipation : Disparition du pesticide par différents processus abiotiques et biotiques
Biodégradation : transformation du pesticide par les enzymes d’organismes vivants unicellulaires ou pluricellulaires
Abiotique : qui n’implique aucune réaction biologique
Biotique : qui implique une réaction biologique
Revoir le webinaire
Restitution du projet ANR DECiSIVE
Démonstration de la dégradation des polluants du sol avec l’analyse isotopique spécifique au composé multi-élémentaire (2019-2023) https://lce.univ-amu.fr/fr/projet-anr-decisive
Des sols agricoles et urbains ont été exposés à des polluants organiques (pesticides, polluants industriels) qui polluent aussi les eaux souterraines. La transition à la réduction des pesticides et la production chimique propre vont réduire des nouvelles pollutions, mais la contamination historique des sols doit toujours être gérée parce qu’elle contamine les eaux de surface et les eaux souterraines. Le projet DECiSIvE avait proposé le développement d’un nouvel outil pour étudier la dégradation naturelle des produits chimiques : Analyse multi-élémentaire d’Isotope stable Spécifique au composé (ME-CSIA).
Avec cette technique, il a été montré qu’on peut identifier les processus qui agissent sur les polluants restants (par exemple processus physiques, sorption/désorption, dégradations abiotiques ou biotiques) et quantifier l’avancement des réactions. Cette technique a été utilisée dans des sols agricoles et urbains pour les polluants cibles : des hydrocarbures, des pesticides (isoproturon, atrazine, simazine, S-metolachlor et chlordécone), en ciblant les isotopes stables du carbone, de l’hydrogène, de l’azote et du chlore.
La comparaison d’efficacité de biodégradation dans des conditions variées a aidé la validation. Les partenaires dans ce projet étaient le Laboratoire Chimie Environnement de Aix-Marseille Université, l’Institut Terre et Environnement de Strasbourg à l’Université de Strasbourg (ITES) et Agroécologie de l’INRA à l’Université de Dijon. Les retombées de ce projet sont des outils validés pour appliquer la CSIA aux pesticides, une banque de donnée sur les compositions isotopiques de pesticides, et un guide permettant l’application de la ME-CSIA et la décision entre l’atténuation naturelle et la remédiation assistée.
Retrouvez toutes les informations et documents téléchargeables ici :
https://lce.univ-amu.fr/fr/projet-anr-decisive et https://ites.unistra.fr/isotopest.